Samedi, huit individus ont perdu la vie en essayant de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre, portant ainsi à 46 le nombre de morts depuis le début de l’année. Ces tragédies en mer sont devenues de plus en plus fréquentes, avec un nombre de décès jamais vu auparavant.
Huit personnes ont perdu la vie en mer, le samedi 14 septembre, après que le bateau sur lequel elles voyageaient pour tenter de rejoindre l’Angleterre se soit échoué sur une pointe rocheuse au large d’Ambleteuse, dans le Pas-de-Calais. Depuis le début de l’année, 46 candidats à l’exil ont perdu la vie dans la Manche, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar). Cette année 2024 est ainsi devenue la plus meurtrière depuis le début du phénomène des traversées en bateaux de fortune, qui a débuté en 2018. Le record précédent datait de 2021, avec 31 décès, dont 27 lors d’un naufrage en novembre. En 2023, 16 personnes ont perdu la vie en traversant la Manche, et 5 en 2022, selon la préfecture maritime.
La tendance des départs est à la baisse après un pic en 2021 avec 51 000 tentatives individuelles, mais reste élevée avec environ 45 000 tentatives de départ chaque année depuis trois ans, selon la préfecture maritime. Depuis le début de l’année, 25 000 personnes ont tenté de rejoindre le Royaume-Uni. Le renforcement des contrôles dans le port de Calais et le tunnel sous la Manche a rendu l’accès à l’Angleterre plus difficile par voie ferroviaire et routière, poussant les candidats à l’exil à se tourner vers la voie maritime, plus efficace mais aussi plus dangereuse.
Les départs se font désormais de plus en plus loin, jusqu’à Dieppe ou la baie de Somme, en raison de la militarisation croissante du littoral français. Les passeurs ont recours à des « taxis boat », des embarcations mises à l’eau sur des rivières, qui augmentent les risques pour les migrants. Les bateaux sont de plus en plus surchargés, accueillant jusqu’à 70 à 80 personnes voire plus par pneumatique, multipliant ainsi les risques de naufrage.
La politique répressive des autorités contribue à augmenter la dangerosité des traversées, poussant certains candidats à l’exil à prendre des risques toujours plus grands. Les bateaux semblent également moins sûrs qu’auparavant, ce qui accroît le danger pour les passagers. Les acteurs sur le terrain alertent sur la violence des embarquements, mettant en danger à la fois les forces de l’ordre et les migrants.
Il est important de prendre en compte le coût humain de cette politique migratoire, soulignent les associations et les chercheurs. Une approche globale, incluant l’organisation de l’accueil des migrants en France, le développement de politiques de retour volontaire et la mise en place de passages sûrs vers le Royaume-Uni, est nécessaire pour prévenir de telles tragédies. La lutte contre les passeurs est une partie de la solution, mais une approche uniquement sécuritaire est inefficace et ne dissuade pas les traversées. Il est crucial de trouver un équilibre entre la sécurité des frontières et le respect de la dignité et de la vie des migrants.
Source de l’article : Francetvinfo